La cité-État antique

Voici le troisième article (original) de la série de Jonathan Drake (aka Simulacrum) consacrée à la conception de mondes « quasi antiques » pour Mythras. Au menu : la cité-État antique.




Introduction

Voici le moment de notre voyage où la piste qui traverse la campagne nous mène devant les portes d’une impressionnante cité fortifiée. Sur les hauteurs qui s’élèvent au-dessus de ses murs, on aperçoit de splendides bâtiments à colonnes, probablement des temples. On imagine sans peine que des milliers d’habitants vaquent à leurs occupations quotidiennes derrière ces murs, dans les rues et les places bourdonnant d’activité qui entoure cette acropole. En observant le panorama de plus près, on a l’impression que les citadins donnent l’impression de ne guère s’intéresser à ce qui se passe à l’extérieur de leurs murs. Une attitude que l’on peut comprendre, car, à en juger par l’aspect des choses, il ne s’y passe pas grand-chose…

Cités-États

Dans un monde quasi antique, on trouve immanquablement de nombreuses cités et chacune d’elles, aussi petite soit-elle, constitue un État souverain. Ce n’est pas seulement ses murailles, ses maisons, ses temples et la frontière de son domaine qui définissent une cité, ce sont surtout ses habitants. Lorsqu’une cité agit, ce sont ses habitants qui agissent ensemble, et non une quelconque abstraction. Ce sont les Athéniens, et non Athènes, les Mérois, et non Méros, les Himéléens, et non Himéla de Korantie, qui partent en guerre, honorent les dieux ou concluent un traité avec une puissance étrangère. La cité-État idéale est économiquement autonome et politiquement indépendante. La liberté du citoyen individuel et celle de la cité sont liées : les citoyens comme la cité elle-même ne peuvent se permettre de dépendre des autres pour leur alimentation et leur protection. Afin de préserver leur autodétermination et leur autosuffisance individuelles et collectives, tous les citoyens se tiennent prêts à défendre leurs terres et leur cité contre les pilleurs et les envahisseurs, et c’est précisément ce que l’on attend d’eux. Toutefois, une petite cité dangereusement proche d’une cité bien plus grande, d’un puissant peuple « barbare » ou des frontières d’un empire étranger devra sans tarder composer avec ses voisins ou se trouver un protecteur plus puissant.

Récits fondateurs

Certaines cités ont pour origine un village ou une petite colonie qui s’est développé progressivement de manière organique, tandis que d’autres ont été créées de toutes pièces par un acte fondateur et délibéré effectué à un moment précis par un groupe de colons. Beaucoup de cités ont été créées après que plusieurs bourgs ou villages proches ont décidé (ou ont été contraints) de s’associer et de choisir un lieu commun pour leur centre religieux, politique et économique. Ce processus est connu sous le nom de synœcisme — littéralement : une association de familles. Ce genre d’événement au cours duquel un groupe de personnes décide de fonder une nouvelle communauté est courant et l’idée d’un contrat social entre ses citoyens (une constitution, et presque toujours une constitution républicaine) est devenue la norme. Les monarchies sont reléguées dans le tréfonds de l’histoire, les rares qui subsistent encore sont considérées comme des « survivances », ce qui n’empêche pas certains individus ambitieux de tenter régulièrement de réinventer l’idée.

Taille d’une cité

Une cité-État peut revêtir de nombreuses formes et sa taille varier considérablement. Le point de départ de notre réflexion est la population : la cité doit être assez grande pour pouvoir aligner une force crédible d’autodéfense. Il faut une population totale minimale d’environ 2 000 personnes pour disposer des quelques centaines de guerriers qui suffisent à cette fin, ce qui correspond à la taille d’une colonie récemment fondée ou à celle d’un petit État insulaire. À l’autre extrémité du spectre, il n’y a pas vraiment de limite supérieure, si ce n’est la taille du territoire disponible autour de la ville qui limitera sa croissance dès que sa capacité de production alimentaire sera dépassée. La ville ne pourra plus s’étendre, à moins d’importer de la nourriture ou de s’emparer de nouvelles terres. À l’ère classique, une cité antique typique ne comptait probablement pas plus de 5 000 habitants. Au-delà de 25 000 habitants, la cité commence à prendre conscience de son importance, et au-delà de 100 000 habitants, elle devient une métropole rare. La plus grande cité d’un monde quasi antique est la capitale d’un empire mondial : elle peut compter jusqu’à un million d’habitants !

On peut définir l’étendue physique d’une cité par le périmètre de ses murs, qui sont construits pour englober toutes les structures clés, les espaces publics et les banlieues résidentielles. Il existe des exemples de villes sans murs, mais cette situation est plutôt inhabituelle. Par exemple, les Spartiates se vantaient de ne pas avoir besoin de murs d’enceinte, la vaillance et les prouesses de leurs guerriers-citoyens suffisant pour assurer leur sécurité. Une zone « intra-muros » typique (l’espace entouré par les murs de la ville) mesure environ de 100 à 150 hectares. Au fur et à mesure que la ville s’agrandit, les murs s’étendent et la densité de population augmente, les maisons à un étage ceinturant cours et jardins cèdent la place à des bâtiments multifonctionnels à plusieurs étages, ainsi qu’à des immeubles d’habitation. Parfois, la zone fortifiée intra-muros couvre une grande superficie sans nécessairement que la population de la ville soit très importante, car les murs entourent beaucoup d’espaces encore libres. La zone fortifiée d’une métropole de 100 000 habitants ou plus peut atteindre 1 000 hectares (10 kilomètres carrés), tandis qu’une mégapole impériale déborde généralement de ses murs en s’étendant dans le paysage environnant. Et il faut parfois attendre des décennies, voire des siècles, que quelqu’un se décide à construire une nouvelle enceinte. Les murs auréliens de Rome et les murs théodosiens de Constantinople entouraient tous les deux des zones de plus de 1 300 hectares !


Que trouve-t-on dans une cité ?

Une cité est avant tout un lieu de vie. Pour fonctionner correctement, elle a aussi besoin de lieux publics, comme une agora ou un forum, où les habitants peuvent se rassembler pour traiter des affaires politiques. Au départ, il s’agit souvent d’un simple terrain vague, qui finit généralement par devenir une vaste place pavée, entourée de bâtiments importants et d’allées ombragées, et ornée de monuments et d’inscriptions publiques gravées dans la pierre. Ces dernières sont vues par le plus grand nombre qui peut ainsi s’y référer. D’ordinaire, les principaux temples de la cité se trouvent aussi à proximité. Ce sont probablement les plus grands et les plus majestueux bâtiments de toute la ville. Certaines cités possèdent en leur centre une zone fortifiée supplémentaire (une acropole) spécialement conçue pour protéger les temples de la divinité « tutélaire » préférée de la ville. Il existe aussi un autre espace ouvert ou un genre de grande salle publique où se réunit le conseil de la cité et où les affaires juridiques sont entendues. Ce conseil peut être élu, tiré au sort, choisi parmi les anciens ou les chefs des familles les plus importantes, ou encore une combinaison de tous ces éléments, chaque ville ayant son propre système. Les prêtres les plus importants des dieux de la ville siègent à ce conseil ou y sont conviés comme conseillers. Les principaux fonctionnaires de l’État exercent fréquemment leurs fonctions depuis leur habitation privée, mais, en principe, toutes les affaires publiques officielles doivent être traitées sous les yeux du public.

La plupart des villes possèdent des lieux de divertissement qui rassemblent la foule, comme un hippodrome, un théâtre ou un amphithéâtre (deux théâtres semi-circulaires réunis, amphi signifiant « des deux côtés »). À l’exception notable du plus célèbre des amphithéâtres, le Colisée de Rome, ces bâtiments se trouvent généralement à la périphérie de la ville, voire à l’extérieur des murs. De même, les cimetières sont presque toujours repoussés au-delà des murs, et seules les personnalités exceptionnelles ont l’honneur d’être enterrées à l’intérieur de l’enceinte fortifiée. Les routes qui conduisent aux portes de la cité sont donc souvent bordées de tombeaux et de pierres tombales.

Domaine d’une cité

À une certaine époque, la célèbre cité d’Athènes ressemblait à ces villes de fiction dont on ne comprend pas comment elles parviennent à subsister dans leur environnement. Vers la fin du Ve siècle av. J.-C., Athènes et Sparte passèrent près de 30 ans en guerre et les Spartiates exploitèrent leur supériorité terrestre pour occuper et dévaster une grande partie du territoire athénien. Des milliers d’habitants se retrouvèrent enfermés derrière les murs de la ville et, inévitablement, la vie dans ces conditions exiguës entraîna une épidémie de peste mortelle. Mais Athènes survécut en acheminant la nourriture dont elle avait besoin grâce à ses ports, qui étaient reliés à la cité elle-même par les célèbres « longues murailles » construites en prévision d’une telle situation. Athènes avait aussi d’autres atouts exceptionnels qui lui permirent de se procurer tout ce dont elle avait besoin : elle possédait d’importantes réserves d’argent, conservait la supériorité navale et disposait de nombreuses possessions et relations à l’étranger (jusqu’à la mer Noire). La plupart des cités antiques placées dans la même situation auraient fini (sans doute rapidement) par mourir de faim et par se soumettre. Ainsi, lorsque nous nous dirigeons vers les portes d’une cité antique, nous devrions nous imaginer en train de traverser un paysage rempli de champs cultivés et de pâturages, d’oliveraies et de vergers, de fermes et de villages, d’exploitations agricoles et de villas. Dans un monde quasi antique, la cité n’est que le noyau du territoire très exploité qui l’entoure et que nous appellerons son domaine. Ce territoire est la ressource la plus vitale de la cité, car c’est lui qui fournit la nourriture indispensable à ses habitants. La cité refuse généralement le droit de posséder des terres à tout non-citoyen, et refuse les pleins droits de la citoyenneté à ceux qui ne possèdent pas de terre. Pour un étranger, toute exception à cette règle est le signe d’un grand honneur.

Lorsqu’une cité est fondée, le territoire qu’elle revendique et qu’elle estime être capable de surveiller et de défendre peut inclure de nombreuses terres encore inexploitées. À moins qu’elle ne dispose déjà d’une population de serviteurs ou d’esclaves pour les cultiver, l’exploitation de ces terres devra attendre l’arrivée de colons ou la croissance naturelle de la population. À l’exception des parties trop rocailleuses, montagneuses ou marécageuses, les terres inexploitées sont progressivement labourées, défrichées ou utilisées d’une autre manière, au fur et à mesure que la population augmente. Toutefois, les zones humides peuvent être asséchées, les montagnes peuvent être exploitées pour fournir de la pierre et du bois de construction (si important), et les terres sauvages peuvent servir à la chasse. Les régions les plus inaccessibles garderont sans doute une aura de mystère ou de sainteté, et seront abandonnées aux dieux et aux esprits censés s’y trouver. Ceux-ci ne veulent probablement pas être dérangés, mais accepteront que les gens viennent jusqu’à eux pour accomplir des rituels cultuels ou des cérémonies de passage. Si la population continue de croître, elle finira par atteindre les limites de ce que le domaine peut supporter.


Comment estimer la taille du domaine ?

Pour concevoir une société quasi antique peuplée de cités-États, la première question à se poser est : combien faut-il créer de cités et à quelle distance doivent-elles se situer les une des autres ? Pour se faire une idée réaliste de la densité des villes sur un territoire, un bon moyen est d’évaluer la taille du domaine de chacune d’elles. Pour répondre à cette question, j’utilise une abstraction qui consiste à comparer les tailles des villes typiques de l’Antiquité à la superficie de terre nécessaire pour nourrir leur population estimée.

Quelle est la taille minimale d’un domaine pour qu’il assure l’autosuffisance alimentaire de la cité ? La réponse dépend tout d’abord de la proportion de terres qui se prêtent à la culture de produits alimentaires. Il faut donc exclure les collines rocheuses, les forêts, les montagnes, les marais, les déserts, etc. En s’appuyant sur les hypothèses des historiens modernes, le chiffre de 30 % de terres se prêtant à des cultures vivrières semble une hypothèse raisonnable. Pour certaines cités, la proportion sera bien supérieure, notamment pour les cités qui dominent une vaste plaine ou un grand plateau, tandis que d’autres cités ne dépasseront pas ce chiffre, en particulier celles nichées dans des collines rocheuses (leurs cultures s’étalant alors sur des terrasses artificielles ou dans les petites vallées situées entre les collines), ou celles confinées à une étroite bande littorale par une grande chaîne de montagnes.

Je suppose que l’apport calorique le plus important de la population est fourni par les produits céréaliers tels que le blé et l’orge, et que ceux-ci ont une valeur calorifique d’environ 3 400 kcal/kg, il faut produire environ 240 kg de céréales (ou de plantes équivalentes) par an pour nourrir chaque habitant. Un hectare de terre peut produire environ 700 kg avec un rendement égal à 6 fois le nombre de graines plantées. Si l’on tient compte du fait qu’une partie de la récolte est mise de côté comme semence pour l’année suivante, les calories nécessaires à une ville de 5 000 habitants requièrent la récolte d’environ 1 800 hectares. En tenant compte de la rotation des cultures ou de la mise en jachère, cela représente un total d’environ 3 600 hectares de terres arables. On en déduit qu’une ville autosuffisante devrait disposer d’un domaine total d’environ trois fois ce chiffre, soit plus de 100 kilomètres carrés pour 5 000 habitants.

Dimension d’une cité

Le tableau des dimensions d’une cité fournit un point de départ à partir duquel vous pouvez augmenter ou réduire la taille des villes en fonction des spécificités géographiques de leur environnement. Si votre ville n’a pas accès à autant de terres, ou si elle est située dans une région dominée par un désert, des collines escarpées, des montagnes, des forêts ou des plans d’eau, c’est qu’il existe sans doute une raison magique ou spécifique au contexte de votre monde qui lui permet de prospérer. Si ce n’est pas le cas, elle importe probablement une grande partie de sa nourriture. Une autre explication possible se trouve dans les 60 à 70 % des terres impropres à la production d’aliments de base. Celles-ci peuvent fournir du bois de construction, des minéraux ou des métaux précieux, permettre la culture de la vigne ou le pâturage, ou encore, dans le cas des lacs, des rivières et des rivages, fournir des ressources halieutiques. Enfin, pendant les périodes creuses du travail des champs, peut-être les habitants eux-mêmes s’engagent-ils comme mercenaires, ou pratiquent-ils la piraterie et le pillage à une échelle suffisamment grande pour permettre de combler les lacunes de l’économie de la cité ?

Le paysage ne se divise bien sûr pas en jolies formes géométriques, mais en y réfléchissant de cette manière, vous pourrez visualiser l’étendue et la configuration du territoire que la cité peut commander. Tous les chiffres sont arrondis et approximatifs. Une cité pouvant se trouver à la limite de son territoire, le diamètre de ses terres est peut-être un meilleur indicateur que le rayon, car il indique la distance maximale à parcourir pour atteindre la cité. La taille du territoire joue un rôle important pour les habitants, car ils vivent dans l’enceinte de la ville et doivent rejoindre leurs champs et leurs fermes en marchant pour travailler. Certains, dont les activités sont plus éloignées, établissent leur domicile dans un village, une ferme ou une villa en périphérie de la cité.


Extension du domaine

Certaines cités ne peuvent tout simplement pas vivre de la production de leurs domaines et n’ont pas de ressources complémentaires, comme les riches mines d’argent d’Athènes, pour combler le manque à gagner. L’expansion du domaine sur un territoire vierge est rarement envisageable, à cause des barrières naturelles, telles que des fleuves ou des montagnes, d’une frontière avec des tribus ou des États rivaux, ou simplement parce que la cité se situe sur une île. Certaines cités parviennent à s’en sortir grâce au commerce maritime, mais cette stratégie est très limitée si la cité ne produit grand-chose elle-même et se contente d’être un intermédiaire. La plupart des États sont donc contraints de rester petits, ce qui, si le taux de natalité n’est pas maîtrisé, implique d’envoyer une partie de leur population en missions de colonisation. Et si l’on ne trouve pas de territoire à coloniser, il reste la conquête : aller prendre les terres et les biens dont on a besoin à quelqu’un d’autre (sans attendre sa permission).

Tout le monde espère tirer profit du succès d’une guerre de conquête, et c’est précisément pour cette raison que les citoyens ordinaires, qui forment les rangs de l’armée citoyenne, votent régulièrement en faveur des guerres. Très souvent, la déclaration de guerre est la seule décision soumise à l’approbation de l’ensemble des citoyens, qui ont le dernier mot sur ce sujet. La guerre leur offre un solde modeste ainsi que la possibilité d’un butin, mais surtout la perspective de se voir attribuer une parcelle de terre beaucoup plus grande. Lorsque la parcelle résultante est trop grande pour être exploitée par le citoyen paysan et sa famille proche, les propriétaires d’origine leur sont assujettis en tant que métayers, ou bien les prisonniers de guerre sont réduits en esclavage et mis au travail.

Accroissement de la population

Il arrive aussi qu’une ville doive rapidement trouver des moyens d’augmenter sa population. Les effets de la peste ou de la guerre, ou le simple désir de croître plus vite que ne le permettent les taux de fécondité et de mortalité obligent à prendre des mesures inhabituelles. Un groupe conséquent de migrants peut se voir accorder le droit de s’installer dans la cité et bénéficier des pleins droits de la citoyenneté (comme lorsque la famille Claudii, d’origine sabine, a été autorisée à s’installer à Rome avec ses serviteurs armés). Des esclaves peuvent être libérés ou affranchis (ce que firent les Thespiens pour reconstituer leurs effectifs après les pertes subies en se battant aux côtés de Léonidas et de ses 300 Spartiates aux Thermopyles). Aux époques ultérieures (cf. Rites korantiens, 1 ère partie), les nouvelles implantations sont fréquemment peuplées par incitation ou par obligation à la suite d’un édit royal ou impérial. C’est ainsi que les mégapoles voient le jour en l’espace d’une ou deux générations.

Levée des impôts

Dans une économie antique, les impôts sont loin d’être une évidence. L’impôt sur le revenu est généralement inconnu et les citoyens n’ont même souvent aucun impôt direct à payer à l’État. Le prélèvement d’impôts directs évoque le despotisme, les souverains lointains et l’abus de pouvoir, mais il est cependant tout à fait accepté de soumettre les résidents étrangers à un impôt forfaitaire par tête. Leurs possessions sont un cas différent et les empires peuvent produire des dividendes. Les résidents étrangers voient leurs terres et leurs biens taxés (généralement à hauteur de 1 % de leur valeur) et l’argent est collecté soit par leurs propres autorités locales qui le remettent à la cité-État à titre de tribut, soit par une société privée d’affermage (dans la Rome antique, ces collecteurs d’impôts sous contrat sont appelés des publicains). Ces organisations candidatent pour avoir le droit de collecter l’impôt dans une région ou une ville donnée et font leur marge sur la différence entre le montant de leur offre et le montant qu’elle collecte effectivement.

Les taxes les plus courantes frappent le commerce. L’État perçoit des droits de douane sur les importations et les exportations à un taux habituel de 5 % et toute marchandise non déclarée aux autorités portuaires est susceptible d’être confisquée. Les taxes sur les ventes sont aussi courantes, mais les pourcentages appliqués sont normalement assez bas, entre 0,5 % et 3 %, et les paysans qui vendent leur propre production en sont souvent exemptés. Les taxes sur les ventes ciblent surtout les négociants qui achètent pour revendre en réalisant un bénéfice substantiel dans l’opération et sans avoir réellement produit quoi que ce soit.

Une importante ressource, telle qu’une saline ou une mine d’argent, sera lourdement taxée, sauf, bien sûr, si l’État l’exploite directement. Les mines d’argent les plus prospères de l’Antiquité pouvaient rapporter chaque année des millions de pièces d’argent. Un État démocratique peut reconnaître cette richesse comme un bien commun et distribuer l’argent produit à ses citoyens ou organiser un vote public pour décider comment le dépenser : pour lancer une guerre, construire de nouveaux navires ou engager des travaux publics.

Pour faire face à une crise (notamment en cas de guerre), l’État peut lever des fonds exceptionnels auprès des citoyens en décidant d’un impôt unique sur la propriété ou la fortune. Une fois la crise passée, l’État fait parfois l’effort de rembourser l’argent prélevé (il s’agit plus dans ce cas d’une sorte de prêt non garanti et obligatoire concédé à l’État plutôt que d’un impôt). 

Population

Le secteur agricole occupe entre 50 % et 90 % de la population adulte. Ceux qui possèdent suffisamment de terres pour subvenir à leurs besoins grâce à un travail agricole honnête sont idéalisés comme étant la colonne vertébrale de la communauté, même s’ils sont minoritaires. Autosuffisants, ils vivent sans dépendre de personne et, en tant que propriétaires, ont tout intérêt à défendre l’État et le statu quo.

Dans une société quasi antique, la classe sociale d’un individu représente généralement plus que son style de vie. Elle est officiellement évaluée par une sorte de recensement qui estime la richesse, les terres possédées et les revenus, ou toute autre mesure appropriée à un contexte fantastique. La personne est alors affectée à la classe sociale correspondant au résultat de cette estimation. Celle-ci confère un ensemble de droits et de privilèges politiques (ou les révoque) tels que le droit de vote, l’importance du vote, le droit d’être juré ou conseiller, ou le droit de se présenter à une élection publique. Ces droits et privilèges politiques s’accompagnent d’un ensemble de devoirs et d’obligations qui, pour la plupart des citoyens, incluent le service dans les forces armées de la cité lorsque le besoin s’en fait sentir. Certaines cités comptent un grand nombre de classes différentes de citoyens, de sorte que les grandes catégories fournies dans le tableau des classes sociales quasi antiques peuvent à leur tour être scindées en de nombreuses autres subdivisions, si les autorités de la ville ou le maître de jeu en ressentent le besoin !

Familles

Une cité-État se décompose en citoyens, mais aussi en familles. Le cœur de chaque famille est la famille nucléaire (le père, la mère et les enfants) Selon sa richesse, elle peut posséder des terres, des immeubles, des marchandises ou des biens meubles, comme des esclaves, du bétail, des entreprises ou des intérêts dans une activité industrielle. Toutes ces possessions « font partie » de la famille. La famille est également associée à des aspects plus intangibles, mais tout aussi importants, comme l’appartenance à une « tribu » du corps des citoyens, le droit de vivre dans telle ou telle zone de la ville (ou de son territoire environnant), le droit d’appartenir à certains cultes et de pratiquer certains rites, ou l’éligibilité à la prêtrise. Le chef de famille est le seul à jouer un rôle dans la vie publique de la cité, et, réciproquement, les autorités municipales et les législateurs n’ont généralement qu’un accès très limité à la sphère privée de la famille. Dans les cas extrêmes, le chef de famille dispose d’un pouvoir de vie ou de mort sur tous les membres de sa famille, sur ses propres fils et filles nés libres tout autant que sur les esclaves, et l’État n’a pas le droit d’y faire obstacle ni d’intervenir d’aucune façon.

Classes d’âge

Les habitants sont divisés en fonction de leur richesse, mais aussi en fonction de leur âge. Le passage d’une catégorie d’âge à une autre s’appuie sur un rituel formalisé ou simplement sur des critères généraux précisant le rôle de chaque catégorie. En général, ces critères sont liés d’une manière ou d’une autre au service dans l’armée. Les jeunes (typiquement les jeunes adultes de 17 ou 18 ans à 20 ans) reçoivent une formation militaire. Ces jeunes et les hommes plus âgés (généralement 40 ans et plus) sont plus souvent chargés de la défense du territoire plutôt que des guerres de conquête. Mais l’âge est aussi important à d’autres égards : avant d’être autorisés à se marier, des hommes doivent atteindre un certain âge et être capables de diriger une famille. Rappelons que toutes les sociétés antiques sont construites autour de la famille et non autour de l’individu, et que le chef de famille (fréquemment un homme, mais pas toujours) exerce son autorité sur tous les membres de la famille et toutes leurs possessions. Parfois, les enfants même adultes ne peuvent posséder de biens propres avant la mort de leur père (ils reçoivent alors les biens familiaux en héritage). Des lois peuvent fixer un âge minimum pour exercer une fonction publique (par exemple, l’âge minimum pour exercer la fonction de consul à Rome était de 42 ans, jusqu’à ce que le système s’effondre parce que cette règle était régulièrement enfreinte).

Classe sociale : Réprouvé

Un réprouvé est une personne mise au ban de la société et qui ne bénéficie donc pas de la protection de la loi. Les fugitifs, les esclaves en fuite, les criminels et les bandits sont des réprouvés. D’autres personnes sont expulsées de la société civilisée et de la protection de la famille et de la communauté parce qu’elles sont considérées comme maudites ou souillées. D’autres personnes encore sont rejetées parce qu’elles sont atteintes d’une maladie physique ou mentale que la plupart des gens considèrent comme contagieuse ou dangereuse.

En règle générale, un individu réprouvé dans une cité ou une communauté peut trouver refuge dans une autre. Si les autorités viennent le chercher (par exemple dans le cas d’un esclave en fuite), son sort dépendra de la nature des relations entre la cité où il cherche refuge et celle qu’il fuit.

Classe sociale : Esclaves

L’esclavage est omniprésent dans le monde antique. À certaines époques et à certains endroits, les esclaves ne se rencontrent que dans les maisons des riches, où ils s’occupent des tâches domestiques ou du bétail. À d’autres époques, les esclaves représentent une part importante de la main-d’œuvre et leur travail est essentiel au fonctionnement de l’économie.

Lorsque les pauvres sont débarrassés de leur dépendance envers les riches, ceux-ci se tournent souvent vers les esclaves pour répondre à leur besoin de main-d’œuvre. Tout le monde court alors le risque d’être réduit en esclavage : les pillards et les pirates enlèvent des gens en nombre pour les vendre comme esclaves et les armées d’invasion prennent des esclaves par milliers pendant leurs guerres de conquête, tandis que les marchands spécialisés qui les talonnent convertissent le butin humain en espèces sonnantes et trébuchantes grâce à leurs réseaux florissants. Ces réseaux commerciaux internationaux se chargent d’acheminer les esclaves partout où se trouve une demande de main-d’œuvre. 

Les esclaves peuvent appartenir à l’État, mais la plupart sont détenus par des particuliers. Il peut s’agir d’un agriculteur ou d’un artisan qui possède un esclave qualifié travaillant à ses côtés au quotidien, d’un tenancier de bordel qui cherche à recruter du personnel ou d’un richissime magnat propriétaire de centaines d’esclaves qui labourent ses terres, s’occupent de ses troupeaux et travaillent dans ses résidences palatiales dans la cité. À certains endroits (l’Athènes classique en est l’exemple le plus connu), les forces de police elles-mêmes sont composées d’esclaves. En définitive, ceux qui ont les moyens d’acheter des esclaves le font pour deux raisons : soit pour développer leurs affaires grâce à une main-d’œuvre corvéable et peu onéreuse, soit pour vivre une vie oisive pendant que d’autres font leur travail à leur place et sous leurs ordres.

Les conditions de vie d’un esclave sont très variables. Son existence peut être brutale et brève s’il travaille dans une mine dans des conditions abominables. À l’autre extrémité, certains esclaves (un très, très petit nombre d’entre eux) qui gèrent des domaines et des entreprises pour le compte de leur propriétaire, avec des dizaines de personnes sous leurs ordres ont un mode de vie luxueux et exercent une influence considérable. Mais tous les esclaves ont une chose en commun : ils ne bénéficient d’aucun droit et d’aucune protection légale. Certains ont la chance d’avoir des propriétaires bienveillants avec lesquels ils partagent une véritable relation empathique. D’autres peuvent appartenir à une brute qui n’a aucun scrupule à les faire battre, mutiler ou tuer quand l’envie lui en prend. C’est dans les deux cas le fruit du hasard. Les propriétaires d’esclaves ont le droit de faire ce qu’ils veulent de leur propriété. Malgré cela, les révoltes d’esclaves sont étonnamment rares. Peut-être n’est-ce pas si surprenant, compte tenu des risques encourus : une révolte d’esclaves qui échoue se solde par la mort horrible et humiliante pour tous ceux qui y ont participé.

Personne dans le monde antique réel n’a jamais contesté l’esclavage en tant qu’institution, mais certains ont tenté de la justifier. On a suggéré que les étrangers étaient plus enclins à adopter l’attitude servile propre à un esclave et qu’ils se prêtaient donc naturellement à cette pratique. On a aussi expliqué que les esclaves étaient des personnes qui auraient de toute façon péri (par exemple, en étant tués au lieu d’être faits prisonniers lors d’une guerre) et que leur condition d’esclave est meilleure que la mort. 

Les anciens esclaves achetaient à leur tour volontiers des esclaves. Les esclaves romains avaient une chance raisonnable d’être libérés à un moment ou à un autre de leur vie, et si les « affranchis » devaient toujours service et loyauté à leur ancien propriétaire, leurs enfants jouissaient des pleins droits de la citoyenneté. Par conséquent, quand les esclaves constituent une part importante de la population, la majorité des personnes libres ont très probablement des esclaves parmi leurs ancêtres.

Classe sociale : Serfs

Le servage est généralement associé au monde médiéval, mais des institutions similaires existaient dans l’Antiquité, au niveau régional ou local, souvent à la suite de la conquête d’une population asservie. Les serfs les plus célèbres sont les Hilotes, qui étaient soumis aux Spartiates. Ils n’étaient pas libres, mais n’étaient pas non plus des esclaves. À l’inverse de la plupart des esclaves, les serfs hilotes n’étaient pas déracinés et vivaient dans leur communauté sur les terres de leurs ancêtres libres. Ils menaient une vie de famille, pratiquaient leurs propres cultes religieux et possédaient parfois encore leurs propres institutions informelles. Ils n’étaient ni achetés ni vendus sur les marchés aux esclaves, mais étaient attachés à une terre qui était autrefois la leur et qui fut divisée et attribuée à des seigneurs spartiates. Ce mécanisme dispensait les Spartiates de toute activité agricole et leur permettait de se consacrer au service de l’État. Parfois, les Hilotes étaient même appelés à se battre aux côtés des Spartiates pour renforcer leurs effectifs, mais s’ils se montraient trop prometteurs, ils risquaient davantage d’être assassinés que récompensés, car les Spartiates vivaient dans la crainte constante d’une rébellion des Hilotes. D’autres populations, comme les Pénestes de Thessalie, se trouvaient dans une situation similaire. Le servage reste toutefois inhabituel dans l’histoire antique, du moins jusqu’à la fin de l’Empire romain, où le servage commence à remplacer l’esclavage comme source privilégiée de main-d’œuvre non libre.

Classe sociale : Servitude pour dette

Dans les villes de l’ère archaïque, les personnes libres se retrouvaient parfois en situation de servitude du fait de leur endettement. Après le versement au propriétaire foncier d’une partie de leur production (ou d’un montant fixe) au titre du loyer, ce qui restait aux métayers n’était pas toujours suffisant pour permettre à leur famille de survivre. La plupart d’entre eux travaillaient sur des parcelles modestes ou peu productives, ou, parfois, la récolte annuelle était simplement mauvaise. Ces métayers ne parvenaient pas à remettre la part requise de leur production sans se retrouver eux-mêmes dans une situation critique. Ne possédant aucun bien en propre, la seule chose sur laquelle ils pouvaient garantir leur dette était leur propre corps. Inévitablement, beaucoup tombèrent dans cette forme d’esclavage, qui est connue sous le nom de « servitude pour dette ». Cette pratique était parfaitement légale, presque partout.

Mais lorsqu’on y recourt trop souvent, elle entraîne des troubles, des violences et des conflits civils. Les protestataires veulent obtenir l’annulation des dettes qui les maintiennent sous la coupe des riches et une redistribution plus équitable des terres pour éviter qu’ils ne retombent dans la dépendance. La servitude pour dettes fut interdite à partir d’une certaine époque, afin d’apaiser les tensions croissantes entre les riches et les pauvres. Certaines cités-États démocratiques ont plafonné le montant qu’il était possible de demander au titre du loyer (à 10 % ou moins de la production du métayer). Même dans ce cas, lorsqu’un métayer est en retard dans le paiement de son loyer, le propriétaire peut l’obliger à rester travailler après la fin de son contrat jusqu’à ce qu’il ait réglé ses dettes.

Classe sociale : Pauvre libre

À l’époque antique, quelque 65 % de la population pouvait être qualifiée de pauvre à proprement parler, c’est-à-dire que ces personnes vivaient dans l’incertitude permanente et ne savaient pas comment elles allaient survivre d’une année à l’autre. Beaucoup étaient maintenus dans la pauvreté par leur statut d’esclaves, de serfs ou de réprouvés. Mais d’autres étaient des citoyens libres de leur ville, qui vivaient néanmoins dans un état de dénuement quasi total ou dépendaient de la charité d’autrui. Notre monde imaginaire ne sera probablement pas différent, à moins que les éléments magiques et fantastiques ne s’allient pour abolir la pauvreté.

Les citoyens les plus pauvres n’ont que peu ou pas de terres à exploiter, ou bien l’âge ou une infirmité les empêchent de travailler, pour eux-mêmes ou autrui. Ou encore, s’ils sont en mesure de proposer leur force de travail en échange d’un salaire, la plupart du temps, personne n’en veut. Ces indigents, qui n’ont pour tout vêtement que les haillons abandonnés par quelqu’un d’autre, habitent généralement dans des taudis, des cabanes ou des appentis. Les personnes vivant dans ces conditions extrêmes sont minoritaires, mais suffisamment nombreuses pour être visibles. Lorsque la sécheresse, la famine ou la guerre surviennent, beaucoup se retrouvent dans ce genre de situation. On voit apparaître des comportements extrêmes tels que l’infanticide (pour réduire le nombre de bouches dépendantes), la vente de soi ou de ses enfants en tant qu’esclaves, la prostitution, la mendicité ou la criminalité.

Dans les campagnes, il se peut que des propriétaires acceptent de louer un lopin de terre sans demander d’acompte, en échange d’une part de la production. Les baux peuvent durer un an, mais sont plus souvent d’une durée de cinq ou dix ans. Quoi qu’il en soit, ces relations s’arrêtent rarement à une simple transaction commerciale. Le propriétaire attendra de la loyauté, de la déférence et un soutien politique de son métayer. Il n’est pas rare qu’un métayer se retrouve à jouer les hommes de main pour le compte de son propriétaire.

Des cités mettent parfois en place des aides publiques, pour les travaux de construction, pour le service civique ou militaire, etc., qui donnent aux pauvres un coup de pouce sans qu’ils doivent quoi que ce soit à un riche bienfaiteur. À long terme, le seul moyen de sortir les gens de la pauvreté est de les réinstaller sur des terres confisquées aux riches (qui organiseront sans doute un coup d’État pour empêcher qu’une telle chose se produise), ou de confisquer les terres d’autrui en fondant une colonie sur une terre vierge ou en faisant la guerre à d’autres cités. C’est pourquoi les pauvres sont souvent très enthousiastes à l’idée d’une déclaration de guerre, et votent très souvent en sa faveur, même si ce sont eux qui devront aller se battre.

En général, les pauvres sont incapables de se procurer l’équipement militaire minimum pour servir dans la milice. Lorsque la cité rassemble ses citoyens pour la guerre, leur rôle, s’il existe, consistera sans doute à servir de rameurs dans la marine ou de tirailleurs légers dans les forces terrestres. En revanche, s’ils sont prêts à les payer et à les équiper correctement, les cités-États (ou leurs nouveaux seigneurs impériaux) trouveront toujours parmi les pauvres de nombreuses recrues prêtes à passer beaucoup de temps à faire la guerre loin de chez elles.

Classe sociale : Étrangers résidents

Ces personnes libres choisissent de venir vivre et travailler dans une cité-État, mais n’en sont pas des citoyens et ne le seront probablement jamais. Ils bénéficient de certaines protections juridiques, mais ne peuvent généralement ni posséder de biens ni se marier avec un citoyen. Ils sont aussi souvent soumis à un impôt par tête et sont censés se battre aux côtés de leurs voisins citoyens dans la milice. Malgré ces inconvénients, l’attrait d’un marché pour leurs compétences attire de nombreux itinérants dans les grandes villes. Il s’agit souvent d’artisans ou d’autres spécialistes, qui peuvent être assez aisés. Pour ceux qui n’ont pas les moyens de louer leur propre maison, les cités qui comptent un grand nombre d’étrangers résidents disposent souvent d’immeubles où ils peuvent louer des chambres ou des appartements. S’ils restent sur place suffisamment longtemps pour élever leurs propres enfants dans leur foyer d’adoption, ces derniers ne deviennent pas automatiquement citoyens et conservent le statut d’« étranger résident » de leurs parents.

Classe sociale : Paysans propriétaires (yeoman)

Le concept de « paysan propriétaire » emprunte sans vergogne à l’époque médiévale, mais il est cependant pertinent : à l’époque antique, il s’agit d’un fermier propriétaire de sa parcelle de terre et qui dispose de suffisamment de moyens pour être financièrement indépendant. Généralement, ces personnes forment le noyau dur et la majorité de l’assemblée des citoyens et constituent également le gros de la phalange, ou de la légion, des miliciens citoyens. Ils exploitent leur propre ferme avec l’aide des membres de leur famille et, éventuellement, d’une main-d’œuvre occasionnelle recrutée en période de pointe. Les plus aisés d’entre eux ont peut-être un ou deux esclaves qui travaillent à leur côté. Quelques membres de la famille ont sans doute reçu une éducation rudimentaire et sont alphabétisés, mais il est très peu probable qu’ils utilisent cette compétence pour autre chose que pour lire les inscriptions officielles et marquer leur nom. Ils partagent certainement leurs ressources comme les charrues ou les bœufs, avec leurs voisins, et coopèrent (ou parfois, se disputent) pour exploiter la terre d’une manière collective. Leurs fermes ne les rendront jamais riches, mais, si elles sont bien gérées et que leurs terres sont intelligemment exploitées et si les revenus sont complétés par le travail domestique des femmes tels que le filage et le tissage, elles peuvent subvenir convenablement aux besoins de la famille. Les petits paysans propriétaires ont tout intérêt au statu quo politique et à la prospérité de la cité.

Classe sociale : Petite noblesse terrienne

Dans l’ancienne Sparte, tous les citoyens appartenaient à la noblesse. Comme la fraction conquise et opprimée de la population était beaucoup plus importante qu’ailleurs et qu’elle était contrainte de travailler la terre pour le compte des seigneurs spartiates, ces derniers n’avaient jamais à se soucier d’argent et pouvaient passer leur temps entre eux à s’entraîner aux arts de la guerre. Ils pouvaient ainsi réprimer efficacement toute rébellion. Cependant, dans la plupart des pays, la noblesse ne constitue qu’une petite partie du corps des citoyens, mais une partie importante, bien qu’idéalisée. Elle se salit encore les mains en travaillant à la ferme, mais pas trop ; elle dispose probablement de métayers ou d’esclaves qui font le gros du travail, ce qui lui permet de se consacrer à ses devoirs civiques et de s’adonner à quelques loisirs modérés. Les membres de la petite noblesse sont suffisamment riches pour s’équiper d’une armure et d’armes décentes qui leur permettront de figurer dans les premiers rangs de la phalange lorsqu’ils se battront pour leur cité. Mais ils ne sont pas assez riches pour avoir un cheval et partir à la guerre comme les riches et les aristocrates. Si les petits paysans propriétaires constituent la cheville ouvrière de la cité, la petite noblesse est l’épine dorsale de la paysannerie. Selon l’humeur du jour, ils peuvent aligner leur position politique soit sur celles des riches propriétaires terriens, soit sur celles de leurs voisins plus pauvres qu’eux. En période de division sociale, leur rôle est souvent décisif, en particulier parce qu’ils constituent le noyau dur de la milice citoyenne.

On peut aussi inclure dans cette classe sociale quelques artisans spécialisés très qualifiés : les meilleurs médecins, poètes, sculpteurs, ingénieurs et enseignants. Ces personnes peuvent être issues d’un milieu aisé, mais n’ont peut-être pas eu la chance d’hériter et ont dû se frayer un chemin dans la société grâce à leurs talents.

Classe sociale : Riches

La richesse dispense de travailler et permet de mener une vie agréable en profitant de ses loisirs. L’existence d’un riche pourrait se résumer à une succession de festins décadents, mais, comme il n’a pas à se soucier des questions basiques de commerce ou de travail manuel, on attend de lui qu’il prouve sa valeur et se rend utile pour la communauté, en pratiquant le droit, la littérature, la politique ou la guerre. La gestion d’un grand domaine confié à un intendant et exploité par des esclaves produira des revenus nettement supérieurs à la location des mêmes terres à des métayers, mais cette approche exige une bonne réserve d’esclaves (ou d’autres travailleurs non libres), et prive de la loyauté et des services que les métayers doivent au propriétaire en plus du loyer, ce qui est un avantage important. En général, plus les citoyens ordinaires jouissent de liberté, possèdent des terres et sont économiquement autosuffisants, moins ils sont enclins à faire ce que les classes supérieures leur demandent, et plus les riches se tournent vers l’esclavage pour leur main-d’œuvre. 

En outre, le mécénat constitue un moyen efficace pour les riches d’étendre leur influence et pour les pauvres de s’en sortir. La plupart des travaux publics ne sont pas financés par les deniers publics, mais directement par les riches, sur leurs propres ressources. La démarche est parfois volontaire, mais elle peut aussi être très réglementée et les riches se répartissent cette charge à tour de rôle d’une année sur l’autre. Un aristocrate qui finance la construction d’un temple ou d’une place de marché, l’équipement d’un navire de guerre, un spectacle public ou une fête religieuse, peut ainsi montrer à quel point il est plus riche et plus soucieux de la chose publique que ses pairs. La générosité est un bon moyen pour attirer la loyauté et les votes des citoyens ordinaires au détriment des autres riches.

Dans l’Athènes classique, un revenu de 500 médimnes attiques (une grande mesure de céréales équivalant à 6 pecks ou 1,5 boisseau américain) suffisait pour accéder à la classe la plus riche de citoyens (500 médimnes attiques correspondant, plus ou moins, à 3 000 pecks, pour une valeur totale de 3 000 pièces d’argent). À Rome, il fallait posséder des biens d’une valeur de 1 million de sesterces (250 000 deniers) pour être sénateur, ce qui équivaut à la possession d’un domaine de 250 hectares ou plus. Il ne s’agit bien sûr que du premier échelon de la richesse et toute cité-État comptera des riches possédant des biens d’une valeur plusieurs fois supérieure à ce montant. Les guerres de conquête, voire la formation d’un empire, augmenteront considérablement les niveaux possibles de richesse. Dans ces situations, certains individus pourront accumuler des biens d’une valeur de plusieurs milliers d’hectares.

Classe sociale : Aristocrates et magnats

Certaines personnes parviennent à devenir extrêmement riches et, comme tout un chacun, prennent soin de transmettre leur patrimoine à la génération suivante. Toute famille aristocratique veillera à préserver la plus grande partie possible de son patrimoine en un seul morceau lors de la passation de ses biens à ses descendants, car c’est ainsi que sa lignée se maintiendra dans le peloton de tête. Dans une société quasi antique, la notion d’aristocratie n’est pas aussi clairement définie que dans une société médiévale. Le mot signifie simplement « les meilleurs détiennent le pouvoir ». Avoir des ancêtres célèbres et accomplis confère indubitablement un certain honneur, mais les gens sont tout à fait conscients qu’un aristocrate est simplement un homme « très riche », et surtout riche grâce à sa naissance.

Pendant la période archaïque, la fortune des grands aristocrates n’est en fait que quelques fois à celle de la moyenne des citoyens. À cette époque, ce sont les paroles et les actes, une armure brillante et peut-être un cheval qui les distinguent du reste de la population, ainsi que les récits sur leur descendance héroïque. En revanche, à l’ère impériale, un magnat pouvait posséder un très vaste domaine réparti sur plusieurs territoires différents, avec des milliers d’esclaves et autres serviteurs.


Cultes et confréries

En réfléchissant à l’organisation des cités-États et à la façon dont les citoyens se regroupent pour participer à la politique, au commerce, à la défense et à la religion de la ville, je suis arrivé à la conclusion que les règles de Mythras sur les cultes et confréries (cf. Mythras p.188 sq.) sont particulièrement appropriées. Elles permettent de représenter les constitutions des cités-États et les rôles des personnages citoyens, joueurs et non-joueurs, de façon efficace et concise.

Chaque constitution de cité-État est unique, mais toutes suivent le même schéma fondamental. En effet, toute cité-État doit définir des règles d’appartenance au corps des citoyens et différents rangs en son sein qui transcendent les structures familiales. La principale différence réside dans la manière dont les gens passent d’un rang à un autre. Ainsi, les membres ordinaires d’une cité-État représentent toutes les personnes protégées par la loi civile d’une manière ou d’une autre (les citoyens comme les métèques) ainsi que tous les enfants nés de parents citoyens ; quand ils atteignent l’âge adulte, ces derniers deviennent des membres dévoués, c’est-à-dire des citoyens à part entière, qui sont censés jouer leur rôle dans les rituels publics, la défense de la cité, etc. ; les membres éprouvés sont les chefs de famille qui ont le droit de voter à l’assemblée ou de siéger comme jurés dans les cours de justice ; les membres superviseurs sont les membres du conseil de la cité ou du sénat, ou des citoyens qui occupent d’autres postes officiels mineurs ; enfin, les membres dirigeants sont les personnes élues ou nommées aux postes les plus élevés, comme celui d’archonte ou de consul. Les qualifications requises pour chaque rang relèvent souvent davantage de la richesse ou de la classe d’âge que des seuils de compétences. La sélection à un rang spécifique parmi les personnes éligibles peut très bien se faire par un vote public. Dans de nombreuses constitutions, les postes les plus élevés ne sont attribués que pour un an, de sorte que les personnes au sommet de l’organisation de la cité changent régulièrement.

Cultes de la cité

Chaque cité a une divinité protectrice. Parfois, c’est la ville elle-même qui est personnifiée sous la forme d’un dieu ou (plus souvent) d’une déesse, mais dans ce cas, il s’agit rarement de la divinité la plus importante du panthéon local. Le plus souvent, l’un des dieux majeurs du panthéon bénéficie d’une attention particulière : un culte local lui est dévoué et son temple situé dans l’endroit le plus en vue de la ville est le plus impressionnant de tous. Dans un cadre de jeu fantastique, les cités qui partagent la même divinité protectrice sont sans doute naturellement alignées l’une sur l’autre. Mais l’inverse est aussi possible et ces cités peuvent se disputer les faveurs du même dieu. Il existe même des rituels, que les Romains appelaient evocatio, qui permettent aux habitants d’une cité d’invoquer les dieux des cités ennemies dans leurs propres temples afin de les accueillir chez eux, avec pour effet escompté d’affaiblir l’ennemi et d’accroître la force magique de la cité.

On peut difficilement imaginer un monde de cités-États indépendantes si la population peut adhérer à des cultes importants qui traversent les frontières de ces cités-États. À quelques exceptions près, les cultes sont donc essentiellement locaux à une cité (même si les festivals religieux organisés sur les grands sites sacrés peuvent rassembler des populations de différentes cités pendant une durée limitée). Les cultes qui dépassent les frontières des cités-États doivent faire l’objet d’un traitement particulier ou ils seront considérés avec une grande méfiance, car leurs adeptes sont désormais connus pour afficher une loyauté dépassant celle de la communauté citoyenne de la cité. À l’époque romaine, c’est précisément pour cette raison que le christianisme était considéré comme une secte dangereuse. Une paranoïa similaire entourait le culte de Bacchus, qui a été supprimé en Italie au IIe siècle avant notre ère. Ce type de culte est parfois utilisé par des autorités régionales ou impériales pour exercer leur pouvoir par procuration — comme ce fut le cas du christianisme dans l’Empire romain tardif, et avant cela, du culte de l’Empereur. Il existe aussi de nombreux exemples de puissances dominantes et expansionnistes qui identifient les divinités locales qu’elles rencontrent avec les leurs, et les absorbent d’une manière ou d’une autre. Ainsi, la déesse tutélaire d’une cité-État peut finir par devenir l’un des aspects d’une déesse impériale beaucoup plus connue et vénérée.

Dans Rivages de Korantie (p. 82 sq.), chaque cité-État possède son propre ensemble de cultes, même s’ils vénèrent les mêmes dieux que les autres cités-États. Ainsi, l’appartenance au culte du dieu souverain Anayo dans une cité ne confère pas l’appartenance au culte d’Anayo dans une autre. Dans chaque cas, le culte de la déesse tutélaire de la cité est un aspect d’Orayna, la puissante Reine céleste, est au cœur du système civique de la cité. La citoyenneté implique l’adhésion au culte de la déesse de la cité, mais les citoyens doivent également adhérer à d’autres cultes dans le cadre de leurs obligations civiques et pour assumer leur rôle dans la société. Ainsi, les membres du conseil de la cité sont des initiés du culte d’Anayo, ceux qui servent dans la milice des initiés du culte de Torthil, et ceux qui naviguent sur les océans des initiés du culte de Pyrolus. L’ouvrage présente les principaux cultes de la cité korantienne de Vestrikina et illustre comment se conjuguent la citoyenneté et l’appartenance aux cultes.

Factions

On imagine souvent la cité-État comme une grande famille composée de membres plus ou moins homogènes qui coopèrent et sont unis par des traditions, une culture et des valeurs communes. Mais le factionnalisme endémique, les nombreuses rivalités et les fréquentes effusions de sang font que la réalité est généralement très différente de cette vision idyllique. Même les cités qui parviennent à maintenir l’harmonie doivent faire face à un monde en mutation, et le changement est toujours plus douloureux pour certains que pour d’autres.

Le factionnalisme et la division engendrent parfois de graves violences. L’histoire montre que même dans la cité-État la plus unie, certains sont prêts à assassiner, massacrer ou faire exécuter leurs concitoyens.

Ces luttes internes, souvent encouragées par des rivaux étrangers, offrent de nombreuses possibilités de périls, d’intrigues et de conflits.


Conflit des ordres

Il s’agit de la lutte des classes séculaire qui oppose la minorité de riches dominants à la majorité. Toutes ces personnes sont certes des citoyens libres, mais lorsque les riches deviennent irresponsables, la majorité tente de reprendre le contrôle de la gestion de la cité. Une justice équitable, l’accès aux postes importants de l’État, une voix à l’assemblée lorsque des décisions clés sont prises, la redistribution des terres, l’annulation des dettes et la modification de la répartition des charges et des récompenses sont autant de motivations communes qui unissent la majorité des citoyens.

Factions politiques et clientélisme

Les campagnes électorales sont parfois très brutales et les pots-de-vin ainsi que la corruption sont monnaie courante. 

Aidés par leurs réseaux d’alliés et leurs partisans, les politiciens rivaux s’en prennent souvent les uns aux autres, tant ils désirent les avantages qui accompagnent les fonctions politiques, qu’il s’agisse des richesses ou simplement du pouvoir et de la reconnaissance publique. Plus une cité-État est puissante, en particulier si c’est une cité impériale, plus les chances d’obtenir un poste de général, de ministre ou de gouverneur de province sont grandes, et plus la lutte est acharnée. Certains ont recours à des manœuvres sournoises pour obtenir l’exil, l’emprisonnement ou l’humiliation d’un ennemi. Les conflits entre les partisans et les sympathisants des candidats rivaux débordent souvent dans les rues et peuvent se terminer dans la violence et la mort. Certains prétendants, en particulier ceux qui savent qu’ils n’ont aucune chance de gagner dans le cadre d’une élection équitable, peuvent décider d’armer leurs partisans et de se lancer dans une guerre civile.

Conflits religieux

Certains cultes rivaux peuvent aussi s’affronter pour imposer leur dieu comme la divinité principale de la cité, voire pour interdire la vénération de tous les autres dieux. Tout culte qui n’appartient pas de longue date aux coutumes et à la culture locales et qui se réunit en privé est suspect, surtout s’il admet des non-citoyens ou des esclaves. Ces cultes agissent comme des réseaux parallèles de pouvoir qui échappent aux structures sociales traditionnelles de la famille et de l’État. Dans un cadre de jeu fantastique, peut-être les dieux eux-mêmes se disputent-ils pour savoir qui aura le plus beau temple, ou peut-être que, pour une raison ou une autre, un dieu en veut à une cité particulière tandis qu’un autre tente de la protéger.

Coups d’État aristocratique

Les riches estiment qu’ils sont les meilleurs dirigeants possibles et pensent qu’ils peuvent être utiles à tout le monde (y compris à eux-mêmes) s’ils contrôlent fermement la situation. Leur richesse les libère de la nécessité de travailler et leur permet de consacrer du temps à l’apprentissage, à la culture, à l’art oratoire et, bien sûr, à des activités qui forgent le caractère, comme la chasse et la guerre. Lorsque le peuple ne reconnaît pas leurs dons et leurs vertus innés, certains aristocrates frustrés n’hésitent pas à organiser un coup d’État pour remplacer le gouvernement en place par un autre plus à leur goût. En général, ce changement exclut de nombreuses personnes de la vie politique.

Quand les aristocrates prennent le pouvoir, ils engendrent généralement une oligarchie dans laquelle tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains d’une petite élite (de quelques individus à quelques centaines de personnes). Si le meneur du coup d’État jouit d’une grande popularité, il peut même s’ériger en autocrate et éliminer les aristocrates rivaux qui ne rentrent pas dans le rang. Si la plupart des putschistes sont intéressés, certains peuvent aussi être animés par un véritable sens du devoir public. Le coup d’État peut alors conduire à une organisation plus efficace ou plus équitable de la cité, après quoi son chef se retire de la vie publique pour laisser les autres se débrouiller. L’histoire des cités-États est parsemée des noms célèbres de riches aristocrates qui ont utilisé leur pouvoir pour le bien de tous les citoyens.

Quelqu’un à blâmer

Qu’il s’agisse d’une guerre perdue, d’un incendie qui a ravagé des quartiers entiers de la cité ou d’une épidémie qui a décimé la population, une catastrophe est toujours susceptible de mettre les gens en colère. L’étendue des souffrances et des pertes subies pousse les gens à trouver un coupable, qui est souvent un bouc émissaire. Il peut s’agir d’un dirigeant ou d’une faction politique, d’une communauté d’immigrés ou d’un nouveau culte récemment implanté dans la ville. Ou d’une combinaison de tous ces éléments. Face à des problèmes qui semblent échapper à tout contrôle, faire couler le sang est souvent la solution de facilité.

Agent étranger

Les cités-États entrent souvent en conflit, mais il ne s’agit pas toujours d’une guerre totale, du moins au début. Une cité peut encourager une rébellion ou un coup d’État dans une autre, ou apporter son aide à certaines factions dans l’espoir qu’un changement de régime rende la cité rivale plus amicale ou plus docile. Elles peuvent recueillir des dirigeants en exil et aller jusqu’à envoyer des troupes pour faire pencher la balance dans un conflit interne, ou encore remettre en place les dirigeants « légitimes » lorsque ceux-ci ont été évincés.

Compétition antisportive

Dans un monde quasi antique, les gens prennent souvent les activités sportives très au sérieux. La violence est courante entre les supporters d’équipes rivales de course de chars, ou même entre les spectateurs surexcités des combats sanglants de l’arène. Elle peut déborder du stade et se répandre dans les rues. À Constantinople, des heurts entre les supporters des équipes « bleues » et « vertes » aux courses firent des dizaines de milliers de morts, après s’être transformés en affrontements politiques et religieux meurtriers. 

À venir

Dans la dernière partie des Rites korantiens, nous verrons comment la magie de Mythras modifie certaines des certitudes (et incertitudes) fondamentales de la vie d’une société quasi antique fantastique. Nous étudierons aussi comment les aventuriers peuvent essayer de tirer leur subsistance du sol en investissant leur butin dans des terres et des propriétés, dans l’espoir d’y passer une retraite paisible…

Ce produit fait référence aux règles de Mythras Fondamentaux, disponibles auprès de d100.fr à l’adresse d100.fr (utilisée avec la permission de The Design Mechanism). Tous les logos et marques associés sont des droits d’auteur de The Design Mechanism. Utilisés avec autorisation. The Design Mechanism et 100.fr ne fournissent aucune garantie quant à la qualité, la viabilité ou l’adéquation à l’usage de ce produit.

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Toutes les images proviennent de Midjourney.








 


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